Un diaporama réalisé par Pierre Gibaud, membre de l’AVG
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Âge et position structurale des Porphyroïdes (Métarhyolites) de Mareuil-sur-Lay et de la Chapelle-Hermier (85)
Article d’André Pouclet, géologue, adhérent de l’AVG
Âge et position structurale des porphyroïdes
Télécharger 2013.11.20.Pouclet.MareuilAVG
Résultats de datation absolue de roches vendéennes
communiqués et interprétés par André Pouclet, géologue, membre de l’AVG
Le granite orthogneissifié de l’île d’Yeu est daté à 530 ± 8 Ma par mesure U/Pb par ablation laser à l’ICP-MS sur zircon . 530 Ma, c’est entre le Tommotien et l’Atdabanien, donc clairement le Cambrien inférieur (stade 2 de la série 1 de la charte internationale de 2006). On admettra sans peine que c’est aussi l’âge de l’orthogneiss des Sables d’Olonne.
NB : La datation de l’orthogneiss de l’île d’Yeu est tirée de Pitra et al. (2008) mais n’est pas encore publiée. Elle le sera dans la future notice de la carte géologique de l’île par Hervé Diot.
Dans la notice du Poiré-sur-Vie de Béchennec et al. (2008), de nouvelles datations de bonne qualité (Cocherie, U/Pb sur zircon LA-ICPMS, BRGM) donnent, pour la métarhyolite porphyroclastique de La Chapelle-Hermier, 478 ± 14 Ma, la métarhyolite de Coex, 483 ± 10 Ma et 486 ± 4 Ma, et la métarhyolite porphyroclastique de La Sauzaie, 481 ± 14 Ma et 477 ± 7 Ma.
Plus aucun doute possible. Ces rhyolites sont de l’Ordovicien inférieur, ainsi que la formation de Saint-Gilles. On peut les corréler avec les métarhyolites porphyroclastiques de St-Mathurin qui seraient en contact anormal avec les formations à phtanites s’il est bien vérifié qu’elles sont siluriennes. En revanche, les métarhyolites de Chardrie (Olonne-sur-mer) et St Hilaire-de-Talmont semblent être stratigraphiquement en dessous. Celles de St Hilaire sont surmontées par la formation gréseuse à Cruziana attribuée à l’Ordovicien inférieur à moyen. Il faut réviser l’âge Wenlock (Silurien moyen) des métarhyolites de La Chapelle-Hermier et s’interroger sur l’âge silurien supérieur de celles de Mareuil qui devient très douteux à moins d’envisager un second épisode rhyolitique déconnecté.
La formation de Sauveterre-Chardrie (Ordovicien inférieur à Cambrien supérieur) thermiquement métamorphisée par le leucogranite (Viséen) des Sables d’Olonne et en contact anormal sur l’orthogneiss (Atdabanien) des Sables d’Olonne lui est donc postérieur d’environ 50 Ma. En revanche, les métasiltites du Cayola sont chevauchées par l’orthogneiss, comme les paragneiss de l’île d’Yeu (chevauchement initial nord-sud). Je ne connais pas la relation entre les métasiltites du Cayola et les métapélites de la pointe du Payré, mais j’envisagerais volontiers un âge Cambrien supérieur à moyen pour cet épisode détritique qu’on ne retrouve pas à Sauveterre.
Dans la notice du Poiré-sur-Vie de Béchennec et al. (2008), le granite d’Aizenay est daté à 335 ± 5 Ma, celui des Clouzeaux à 329 ± 6 Ma, celui de Beaulieu à 328 ± 5 Ma. Compte tenu des données sur monazite non publiées de Michel Faure, je pense que le leucogranite des Sables d’Olonne est contemporain et daté du Viséen entre 330 et 320. Ce magmatisme crustal anatectique est associé à la phase d’extension est-ouest qui fait suite aux chevauchements des nappes supra-crustales du Dévonien supérieur.
André Pouclet
Sables et cailloutis de la carrière de la Gagnerie à Saint-Colomban : des dépôts d’un fleuve Yprésien de 50 millions d’années
Invités par Monsieur Nicolas Pucelle, Chef de la carrière-sablière de la Gagnerie et par Monsieur Jean Dugardin, responsable Foncier Environnement, deux représentants de l’AVG ont exposé l’histoire de la découverte du fleuve Yprésis lors des portes ouvertes da la carrière de la Gagnerie appartenant au groupe LAFARGE Granulats.
Portes ouvertes de la sablière, le vendredi 31 mai et le samedi 1er juin 2013
Situation de la carrière de la Gagnerie sur une vue aérienne
Les deux représentants de l’AVG, J. Chauvet et H. Vreken, prêts à accueillir les visiteurs
Hendrik Vreken raconte l’histoire de la découverte du fleuve Yprésis, cartes à l’appui.
L’AVG remercie les représentants du Groupe Lafarge Granulats pour leur accueil très chaleureux et leur accompagnement au cours de la journée.
Le fleuve Yprésis
Tracé du paléofleuve Yprésis sur une carte satellite
Situation de la carrière de la Gagnerie à Saint-Colomban, dans l’Yprésien fluviatile
Les dépôts fluviatiles Yprésiens de la carrière de la Gagnerie
Les sables de la carrière de la Gagnerie correspondent très probablement à des dépôts du fleuve Yprésis. Ils contiennent des formations caractéristiques de l’Yprésien :
Echantillon de cailloutis de la Gagnerie avec dragées de quartz, silex gris patinés, éponges silicifiées et débris de bibalves
Eponges silicifiées des sables de la Gagnerie
Argile noire charbonneuse et argile blanche riche en kaolinite de la Gagnerie
Situation de l’Yprésien dans une échelle des temps géologiques
Première publication sur Yprésis en 1994
En 1994, Gaston Godard, Michel Chevalier, Pascal Bouton, Bernard Mouroux, publiaient dans le bulletin n°4 de la Société Géologique de France un article de 20 pages sur la découverte d’ » Un fleuve Yprésien du Berry à La Vendée, témoin de l’évolution paléogéographique et tectonique du Centre- ouest de La France au Cénozoïque. »
Ce fleuve dénommé Yprésis traversait notre région, il y a environ 50 millions d’années, à l’époque Yprésienne (Éocène inférieur, début du Tertiaire). A cette époque, les Dinosaures avaient disparu depuis 15 millions d’années avec la grande crise biologique Crétacé-Tertiaire (crise K-T), tandis que l’Homme n’apparaîtra que 45 millions d’années plus tard.
Des traces de ce fleuve semblent exister jusqu’en Brenne, aux confins du Berry et de la Touraine. Mais c’est surtout à l’ouest de Poitiers, dans les régions de Parthenay puis de Bressuire, que les sédiments fluviatiles dessinent une traînée claire, large de 5 km en moyenne et dirigée vers le Nord-Ouest. Dans les collines vendéennes, l’érosion ultérieure a fait disparaître ces sédiments, mais le fleuve a néanmoins laissé un vestige : il s’agit de la vallée fossile de Saint-Mars-la-Réorthe qui dessine un couloir de 2 km de large, 8 km de long et 50 m de profondeur entre Les Epesses et Les Herbiers. A l’Ouest de Mesnard-la-Barotière, les sédiments réapparaissent et forment une traînée large de 4 km environ, jusqu’à Montaigu. Ils s’élargissent ensuite en aval de Montaigu et recouvrent de très larges surfaces dans tout le Nord-Ouest de la Vendée et le Sud-Ouest de la Loire-Atlantique. Cette région comprise dans l’angle Nantes – Montaigu – Challans constituait alors le delta du fleuve disparu.
Histoire de la découverte du fleuve Yprésis
Le temps des pionniers.
Les sables, les cailloutis et les grès du Sud-Ouest de la Loire-Atlantique et du Nord-Ouest de la Vendée, en particulier ceux de Noirmoutier, furent étudiés au début du XIXème siècle par Bertrand Geslin, Auguste Rivière, Adolphe Archiac. Ils les attribuèrent au Crétacé supérieur (90 millions d’années), car ils y avaient observé des fossiles de cette époque (éponges,brachiopodes). Ces fossiles roulés provenaient du Bassin Parisien et furent usés et transportés après le Crétacé.
Une fausse piste : le golfe pliocène de Montaigu
En 1881, Louis Crié montra que les grès de Noirmoutier appartenaient à l’Eocène grâce à la découverte d’empreintes de plantes fossiles de cette époque, les palmiers du genre Sabal. Dans le même temps, Gaston Vasseur étudia les sédiments tertiaires de l’Ouest de la France. Il montra que les sables de la vallée de la Vilaine s’étaient déposés dans une mer au Pliocène (2 millions d’années). On pensa extrapoler cette conclusion aux dépôts de la Loire-Atlantique et de la Vendée. Ces sédiments se seraient déposés dans un golfe de la mer pliocène nommé « paléogolfe de Montaigu ». Cette conception entraînait une anomalie difficile à expliquer à Noirmoutier, les sables d’âge » pliocène », donc récents, étant surmontés par les grès éocènes, nettement plus anciens.
Nouvelles découvertes grâce à la micropaléontologie
Vers 1959, Suzanne Durand employa une nouvelle technique de datation : la palynologie. Elle montra que les pollens contenus dans les sédiments de Noirmoutier appartenaient à des espèces végétales vivant à l’Eocène. Des pollens du même âge furent trouvés dans les sables de Savenay et de Bourgneuf-en-Retz, ils n’étaient pas liés à la mer du Pliocène. Durant les 3 décennies qui suivirent, des études réalisées par Mireille Ters vinrent confirmer la présence dans toute cette région de sédiments de l’Eocène inférieur appelé Yprésien. Dans le même temps, les techniques de datation absolue utilisant les concentrations d’isotopes radiogéniques des roches permettaient d’estimer àenviron 50 millions d’années l’âge de cet étage Yprésien. D’autre part, l’étude des grains de sable, leur usure, leur taille, concluaient que ces sédiments avaient des caractères de dépôts fluviatiles.
La découverte de l’ancien fleuve Yprésis
En 1990, à l’occasion des levés de la carte géologique (feuille de Montaigu), Gaston Godard et Michel Chevalier découvrirent que les sédiments du prétendu paléo-golfe pliocène de Montaigu se prolongeaient vers le Sud-Est jusqu’aux environs de Mesnard-la Barotière. L’allure en carte des dépôts suggérait une ancienne vallée fluviatile s’élargissant en delta plutôt qu’un golfe marin. L’âge Pliocène devait donc être abandonné au profit d’un âge Yprésien.
Depuis longtemps, on avait observé que les sédiments comportaient de nombreux galets de silex jurassiques : les chailles et quelques fossiles roulés du Crétacé. Ces éléments, transportés par le fleuve, ne pouvaient avoir été empruntés qu’aux sédiments du Bassin Parisien et du Seuil du Poitou. Des traces de l’ancien fleuve devaient donc exister plus loin en amont, vers l’Est. Une large traînée à sables et cailloutis avec les mêmes galets de silex, les mêmes fossiles remaniés fut en effet retrouvée dans la région de Bressuire et suivie jusqu’aux environs de Poitiers. Certains géologues avaient déjà reconnu la présence d’une « formation fluviatile divaguante d’âge éocène ». Des traces du cours disparu semblaient exister plus loin encore vers l’amont jusque dans le Berry. L’absence de sédiments conservés dans les collines vendéennes était rapportée à l’effet de l’érosion plus active dans cette région accidentée et à la surrection du haut bocage vendéen ; la « trouée de Saint-Mars-la-Réorthe » dont l’existence n’avait jamais reçu d’explication vraiment satisfaisante, pouvait représenter un vestige de l’ancienne vallée creusée par le fleuve.
Article de Jean Chauvet
En complément, le compte-rendu d’une excursion de l’AVG en 2011 :
» Sur les traces du paléofleuve Yprésis «
Télécharger AVG.Bulletin 2011.Article Yprésis
L’antimoine de Rochetrejoux
Diaporama de Dominique LOIZEAU
Télécharger le diaporama en 4 parties
2010.AVG.Antimoine de Rochetrejoux (1)
2010.AVG.Antimoine de Rochetrejoux (2)
2010.AVG.Antimoine de Rochetrejoux (3)
2010.AVG.Antimoine de Rochetrejoux (4)
La mine de charbon de la Marzelle
1878 – 1884
Dossier de Luc Brusseau – 2012
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Les traces de l’impact météoritique de Rochechouart
Article de Pierre Gibaud
A la limite entre le Limousin et la Charente, Rochechouart est une petite sous-préfecture de la Haute-Vienne, de moins de 4000 habitants, connue pour deux raisons :
– Les vicomtes de Rochechouart sont la plus vieille famille noble actuelle. Ce nom est très répandu dans divers patronymes à Paris.
– L’astroblème gigantesque, seulement élucidé en 1967.
Bien sûr, c’est cette seconde particularité qui nous a poussé au voyage !
Au détour d’une petite route sinueuse, voici château et clocher perchés sur un plateau.
Le château, imposant
Dans le parc public qui le jouxte, la roche n’est pas facile à identifier.
En flânant dans une ruelle, observons un muret aux pierres jointées à la chaux. L’aspect de ces pierres est inhabituel.
Autant de variété interpelle : ces pierres ont une histoire, sans doute complexe !
L’église
Le toit vrillé n’est pas banal. Voilà un charpentier qui cherchait la difficulté !
Les colonnes encadrant le porche d’entrée sont d’une couleur grise qui tranche avec les pierres voisines.
En regardant de près dans ces pierres grises, on y voit des détails curieux :
– du granite ou du gneiss noyé dans une pâte,
– ou bien…
– ou encore !
Plus loin, une pierre ressemble à une « brèche », avec ses morceaux anguleux enchevêtrés.
En 1967, François Kraut, (1907-1983) géologue au Muséum de Paris, démontre que ces diverses roches sont la preuve de la chute d’une grosse météorite qui a eu lieu vers -200 Ma.
Le « Musée de la météorite » de Rochechouart sera créé en 1995. Devant la porte, sur le sol, voici un échantillon verni de la « brèche de Rochechouart ».
Visite du musée
Des panneaux bien composés expliquent le cataclysme.L’événement est daté de 200 Ma environ.
A cette époque, les continents étaient presque tous soudés pour former la Pangée.
L’impact fut d’une extrême violence.
Pendant longtemps, il en a résulté un cratère circulaire de 20 km de diamètre et 2 km de profondeur.
Le fond plat était recouvert par les débris retombés et inclus dans la roche fondue sur une épaisseur de 100 m. Après refroidissement, cette matière a donné des « brèches » caractéristiques.
De nos jours, l’érosion a totalement détruit le cratère et l’a même sur-creusé de façon telle que Rochechouart est actuellement perchée sur un plateau.
Ces brèches ayant servi de pierres de construction, c’est donc dans les murs qu’on les observe le mieux. Ici comme ailleurs, c’est dans les murs à faible valeur architecturale qu’on trouve le plus sûrement les pierres issues directement du sous-sol d’un site !
Echantillons de diverses brèches exposées :
La violence des impacts météoritiques modifie les roches qui deviennent des « impactites ». Elles sont identifiables de deux manières :
– au niveau microscopique : les grains de « quartz choqués » visibles en lame mince.
– au niveau centimétrique : les « cônes de percussion » .
La Terre est continuellement bombardée de météorites. Heureusement que les plus grosses et les plus dévastatrices sont rares !
Le musée montre aussi la coupe du fond du cratère à la carrière de Champagnac.
Allons voir cette carrière qui exploite la roche située sous l’impact.
Une partie du site de l’astroblème* ( 50 ha) a été classée en 2008. Elle est ainsi protégée. Il est donc interdit de ramasser le moindre caillou. A l’évidence les plus typiques ont déjà disparu !
*Astroblème : créé par l’impact météoritique
Depuis qu’on évoque le rôle d’une météorite dans la disparition des dinosaures, la chute des plus grosses météorites interpelle, même si la trace au sol n’est plus visible.
Cette météorite de Rochechouart avec ses 1500 m de diamètre, 6 milliards de tonnes et lancée à 22 km/s a dû faire de gros dégâts. Elle et sans doute provoqué un changement climatique fatal à la biosphère sur un vaste territoire équivalent à la surface de la France.
Ce projectile provient probablement de la ceinture des astéroïdes située entre Mars et Jupiter.
On est un peu déçu par la géographie actuelle du site car on ne voit pas un cratère comme celui du « Meteor Crater » de l’Arizona qui ne date que de 40 000 ans.
Cependant, la promenade dans les ruelles de Rochechouart et surtout la visite du très beau musée de l’astroblème valent le détour.
Enfin, quand vous viendrez, il ne faut pas manquer les ruines des thermes romains de Chassenon, commune très proche, et construits avec les roches de l’astroblème.
Texte et photos de Pierre GIBAUD
NB : Article réalisé à partir de deux visites, une personnelle en 2004 et une seconde avec l’AVG85 en 2008.
Pour en savoir davantage :
http://www.astrosurf.com/astrojanus/Robert.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Astrobl%C3%A8me_de_Rochechouart-Chassenon
http://meteorites.superforum.fr/forum
Autre article : AVG – Bulletin 2008 – « Sur les traces du cratère météoritique de Rochechouart » de C.König
L’expérimentation s’est réalisée le samedi 16 et le dimanche 17 octobre 2004, chez Monsieur et Madame Giraudeau, à Sainte-Hermine. A cette occasion, l’AVG avait invité des membres du Groupe Vendéen d’Etudes Préhistoriques à participer.
Jean-Claude Leblanc a donné aux participants les instructions pour construire le four le samedi et a conduit la réduction du fer le dimanche.
Sa démarche de chercheur était dictée par deux objectifs principaux :
– Utiliser les produits locaux, argile* et minerai de fer*, et les méthodes historiques pour tenter d’obtenir les mêmes produits que ceux trouvés par les archéologues :
– « Transmettre un savoir-faire pour conserver ces techniques anciennes dans notre patrimoine culturel ».
Le bulletin 2004 de l’AVG contient un article de Claire König relatant, de façon détaillée, les conditions et les étapes de l’expérimentation.
Télécharger en cliquant sur les liens suivants
Réduction fer 1
Réduction fer 2
Réduction fer 3
COMITÉ FRANÇAIS D’HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE (COFRHIGEO) – séance du 8 mars 1995
TRAVAUX DU COMITÉ FRANÇAIS D’HISTOIRE DE LA GÉOLOGIE
– Troisième série –
T.IX (1995)
Télécharger
http://annales.org/archives/cofrhigeo/buttes-coquillieres.html
Une ardoisière spectaculaire
Article de Pierre Gibaud
Sur la commune de Donzenac en Corrèze, à 12 km au nord de Brive-la-Gaillarde se trouve une ardoisière spectaculaire. La situation géologique et l’exploitation par les hommes ont donné un site exceptionnel. Que vous soyez géologue ou simple touriste, le site vaut le voyage.
Le site étant privé, il faut donc se joindre à une visite commentée pour se mesurer à ces pans vertigineux. En attendant l’horaire, on peut se détendre et se rafraîchir à l’ombre et consulter des panneaux descriptifs qui seront encore plus faciles à comprendre lorsque la visite sera terminée.
Ce jour-là, une jeune fille nous a pilotés avec gentillesse et grande compétence.
Les « pans » sont des murailles de quartzite qui séparent les couches d’ardoise retirées par l’exploitation déjà ancienne.
Pendant l’exploitation, des « perces » ont été creusées dans les pans de roche dure pour faciliter la communication entre les différentes zones d’exploitation de l’ardoise.
L’ardoise et le quartzite sont des roches métamorphiques, c’est à dire qu’elles résultent de la transformation d’autres roches, sous l’action de variations de température et de pression. L’argile a donné l’ardoise, tandis que le sable s’est transformé en quartzite.
Sur le site, on observe 7 pans de quartzite de même épaisseur séparant 6 zones d’ardoise. Ces dernières sont de même épaisseur un peu supérieure à celle de la quartzite.
Cette particularité est expliquée par une formation initiale unique : dans une cuvette peu profonde, une couche de sable s’est répandue uniformément. Le détail suivant montre que la quartzite fut d’abord un sable alluvionnaire.
Ensuite une couche d’argile plus épaisse est venue recouvrir la couche de sable. Le tout s’est enfoncé dans le sol pendant une durée géologique.
Plus tard, les forces colossales qui ont soulevé les Pyrénées ont plissé l’ensemble (ardoise + quartzite) de façon que les plis soient devenus verticaux.
L’érosion a ensuite raboté la partie supérieure des plis
L’homme enfin a exploité l’ardoise, en laissant sur place les pans de quartzite très dure.
Les carrières d’ardoise inexploitées sont maintenant envahies par l’eau.
L’un des puits a une profondeur d’eau de 52 m et sert de base d’entraînement aux clubs de plongée.
La photo suivante montre deux coupes d’un même puits d’extraction.
On se dirige maintenant vers une zone d’exploitation. Le site accueille de nombreux touristes qui peuvent déambuler sur un itinéraire bien sécurisé.
Le fendeur d’ardoise travaille « sur le tas » mais à l’abri du soleil ou du vent.
Puis l’ardoise est découpée à la forme exigée et percée pour être retenue par un crochet (cuivre ou inox).
Chaque ardoise est « sonnée » en la faisant tinter sous le choc d’un petit marteau. Ce test élimine les ardoises poreuses ou ne présentant pas la bonne épaisseur. Au final on ne vend que 6% d’ardoise à partir de la roche extraite !
Heureusement qu’il existe un autre débouché, le dallage pour lequel on est moins exigeant.
Cette ardoise de très haute qualité est garantie 5 siècles. Vu son prix, elle est réservée aux monuments de haute valeur patrimoniale comme le Mont St Michel recouvert récemment.
Près de la sortie, au pied d’un pan de hauteur impressionnante, on arrive à un petit musée dont les vitrines contiennent des outils ou des documents caractéristiques des ardoisières.
Encore un regard sur ce site exceptionnel !
Rappelez-vous de Travassac quand vous serez dans la région. Ce site unique vaut le détour !
Texte, schéma et photos de Pierre GIBAUD