Des arbres au fond de la Manche
Ouest-France du Jeudi 5 février 2015
Article de Hervé HILLARD
Aller en Angleterre à pied sec, il y a 10 000 ans, c’était possible.
La carte montre le trait de côte de l’époque mésolithique : le niveau de l’eau était de 100 à 150 mètres plus bas, glaciation oblige. Jersey ou Guernesey n’étaient que des plateaux émergeant d’une plaine. Et la Tamise coulait dans une immense vallée verdoyante qui, bien plus tard, deviendra la Manche. Verdoyante , Oui. C’était même un « paradis » affirment les scientifiques. Un fleuve, des rivières, des arbres, des oiseaux, des animaux. Abri et nourriture.
Cette forêt, on en voit parfois encore des traces le long des côtes normandes. Et, en Angleterre, une plongeuse scientifique, Dawn Watson, est tombée sur des troncs entiers pétrifiés et des branches recouvertes d’algues et de concrétions.
« J’ai d’abord pensé que c’était des morceaux d’épaves », a expliqué Dawn Watson à la BBC. Mais non. C’était bien une partie de ce vaste territoire appelé « Dogger-land » par les géologues, émergé, qui couvrait ce qui serait plus tard la mer du Nord et la Manche.
Ce territoire et sa forêt ont été peu à peu engloutis par la fonte des glaces, il y a environ 6 000 ans. Qui a aussi submergé ce qui deviendra la baie du Mont Saint-Michel, isolant les îles Anglo-Normandes et Chausey.
Mais pourquoi ces traces n’ont-elles été trouvées qu’aujourd’hui ? Sans doute grâce à une tempête qui a touché la côte du Comté de Norfolk en 2013. Et qui permet, aujourd’hui, de se promener dans les bois.
Hervé HILLARD
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