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Lancement de RESIF , Réseau Sismologique et Géodésique Français

 

Un réseau d’observation géophysique sur l’ensemble de la France

 Techno-Science.net , le 7.02.2012

http://www.techno-science.net

 

Lancée officiellement le 8 février, la Très Grande Infrastructure de Recherche RESIF (Réseau sismologique et géodésique français) a pour but de créer une antenne d’observation géophysique sur l’ensemble de la France métropolitaine dédiée à l’étude de la Terre interne et des risques telluriques.

Placé sous les tutelles du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, du Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et du Bureau Central Sismologique Français, RESIF mobilise une centaine de chercheurs et ingénieurs, et implique 20 établissements et organismes de recherche (1). Le Centre national de larecherche scientifique (CNRS) joue le rôle de coordinateur au sein du consortium RESIF. En développant un équipement national d’observation, RESIF devrait mettre à profit un maillage de plus de 750 instruments sismologiques et géodésiques, à travers la France et rendre disponible des données plus fines de la déformation du sol.

map resif web
Instruments sismologiques et géodésiques RESIF en métropole actuels et planifiés
© RESIF

Avec la volonté déclarée de développer une synergie accrue entre les observations spatiales et les observations dites in situ, impliquant de nombreuses disciplines (tectonique, géologie, sismologie, géotechnique, hydrologie, météorologie, géodésie, …), RESIF permettra ainsi :

– d’avancer considérablement d’une part dans la connaissance de la structure et de la composition de la Terre globale sous le territoire européen et national, d’autre part dans la compréhension de l’évolution de la planète Terre dans le temps ;

– de mieux comprendre les risques liés aux mouvements du sol, qu’ils soient d’origine naturelle (séismes, glissements de terrain, tsunamis,…) ou artificielle (barrages, mines, stockages souterrains, explosions,…) à la mesure de l’urbanisation forte et des nombreux ouvrages industriels stratégiques qui caractérisent la France. Une partie des données sera partagée avec des systèmes spécifiques d’alerte, notamment CENALT, centre d’alerte aux tsunamis ;

– d’apprécier plus finement le potentiel de stockage de produits transformés, et les ressources naturelles disponibles (géothermie, gisements, eau souterraine) dont la gestion raisonnée représente un enjeu majeur du 21ème siècle.

Des données accessibles

Par la mise à disposition immédiate des données et l’interopérabilité avec les centres européens, RESIF s’intègre dans le dispositif européen et mondial d’observations géophysiques. Il est ainsi pressenti comme une contribution française majeure à l’infrastructure de recherche européenne European Plate Observing System (http://www.epos-eu.org/). Les données de RESIF seront alors utilisées par des chercheurs du monde entier car la France métropolitaine est un exemple typique de pays fortement urbanisé et industrialisé avec une sismicité significative où les grands séismes se sont toutefois produits peu souvent.

La construction de RESIF sera réalisée grâce au soutien financier du programme d’investissements d’avenir, dont RESIF est lauréat comme Equipement d’Excellence, àhauteur de 9,3 Millions d’Euros.

Site du RESIF: http://www.resif.fr

Note :

(1) Membres de RESIF participant au Comité directeur: Centre national de la recherchescientifique (CNRS) (coordinateur), Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM), Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies renouvelables (CEA), Centre national d’études spatiales (CNES), Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer(IFREMER), Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR), Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), Institut de recherche pour le développement (IRD), Institut deradioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Institut de Physique du Globe de Paris(IPGP), Observatoire de la Côte d’Azur (OCA), Université Joseph Fourier Grenoble I, Université Paul Sabatier Toulouse III, Université de Strasbourg

Autres membres de RESIF : Université Blaise Pascal Clermont-Ferrand II, Université de Bretagne Orientale, Université Claude Bernard Lyon I, Université Montpellier 2, Université de Nantes, Université de Nice Sophia Antipolis

 

Un forage de 11km de profondeur dans le golfe du Lion

 

        Un forage de 11 km de profondeur         pour étudier les variations du climat

 Le Monde –  17.01.12

 

Un projet envisage un forage de plus de 11 km sous la surface de la mer méditerranée, au sud de la zone étudiée par Melrose et Noble Energy.

AFP/DAVID MCNEW MARSEILLE ENVOYÉ SPÉCIAL . 

2012.01.16.Le Monde un-projet-envisage-un-forage-de-plus-de

Alors que les projets des compagnies pétrolières suscitent l’inquiétude des écologistes provençaux, un programme scientifique de forage, sans précédent, est à l’étude dans le golfe du Lion. Coordonné par une paléoclimatologue de l’université de Bretagne-Occidentale, Marina Rabineau, il envisage un forage de plus de 11 km sous la surface de la mer, au sud de la zone étudiée par Melrose et Noble Energy. Dénommé Gold (Gulf of Lion’s Drilling), son but est d’effectuer le premier forage profond dans le golfe du Lion, au large de Toulon, « afin d’étudier les variations du climat global et celles du niveau marin, les événements géologiques extrêmes comme le Messinien, les ressources naturelles, le stockage du CO2, et la biosphère profonde », explique Mme Rabineau.

Un bateau spécialisé japonais, le Chikyu, extrairait une carotte de 11 km, constituant une colonne complète des sédiments qui se sont accumulés dans cette zone depuis 25 millions d’années. Le forage atteindrait le socle sous-jacent, dont la nature géologique est mal connue. A l’endroit prévu pour le forage, la « colonne sédimentaire est complète, non déformée et sans érosion ni hiatus majeur », précise la scientifique. Il s’agit donc d’un témoin privilégié de l’histoire géologique du bassin ouest de la Méditerranée.

Mais l’intérêt pour les ressources pétrolières n’en est pas absent. En effet, le forage traversera une couche de sel. Jusqu’à récemment, les modèles géologiques dominants indiquaient que l’on ne pouvait pas trouver d’hydrocarbures dans une telle configuration géologique. La découverte au large du Brésil, en 2006, d’énormes réserves de pétrole sous une couche de sel, a changé la donne : les géologues qui défendaient la possibilité d’une telle configuration sont davantage écoutés. Daniel Aslanian est l’un d’eux. Chercheur à l’Ifremer, il est associé au projet Gold : « On propose un nouveau modèle, qui repense la formation des marges continentales passives, comme celles qui bordent l’Atlantique sud ou la Méditerranée. Il s’agit de le tester dans le golfe du Lion. La possibilité de trouver des hydrocarbures sous la couche de sel suscite l’intérêt des compagnies pétrolières pour le projet Gold. Lors d’un colloque sur ce projet en octobre 2011, à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), des spécialistes de Pétrobras et de Melrose ont présenté des communications. « Ce type de forage est très coûteux, indique M. Aslanian, de l’ordre de 130 à 180 millions d’euros. Les compagnies pétrolières peuvent aider à le financer. » Pour l’instant, aucune ne s’est encore engagée. Mais la société algérienne Sonatrach est intéressée par un forage du même type côté algérien, où la structure géologique est comparable. Elle pourrait s’engager pour près de 90 millions d’euros. Le projet Gold sera présenté en avril à l’ntegrated Ocean Drilling Program, un programme international de recherche sur l’histoire de la Terre à partir des études sur les fonds marins. Si le projet est accepté, et son budget bouclé, le forage pourrait intervenir dans les deux ou trois prochaines années.

Hervé Kempf – Article  du 17.01.12