Archives de catégorie : Médiathèque

Stromatolites d’Australie

 

Stromatolites marins et lacustres       

 Article de Claire König

 

Stromatolites d’Hamelin Pool

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Stromatolites dans la baie d’Hamelin Pool

Les stromatolites sont des structures organo-sédimentaires avec relief vertical au dessus du substrat produit par capture de sédiment et précipitation résultant de la croissance d’une communauté benthique constituée principalement de cyanobactéries.

NB : Certains restreignent l’usage du terme aux structures à lamination interne.

Les stromatolites de Hamelin Pool peuvent être considérés comme la population marine la plus diversifiée actuellement connue et leur développement est attribué aux conditions hypersalines de la baie qui limite la biodiversité. Cette biodiversité, alors inexistante, est aussi la raison de leur apogée lors des temps précambriens.

Chacune des trois sortes de stromatolites est caractérisée par un assemblage précis et une croissance sur une bande caractéristique le long du rivage.

La variété pustuleuse forme des colonnes de 1 m de large et de 10 cm de haut, construites par Eontophysalis major, que l’on pense être un descendant direct de Eontophysalis, cyanobactérie construisant des stromatolites au précambrien ! représentant ainsi le plus long lignage connu en biologie.

La variété lisse croît dans la partie inférieure de l’intertidal avec Microcoleus chthonoplastes, Schizothrix sp. etc.

La variété botryoïde (colloform) forme de larges colonnes (1 m de haut et plus) en milieu subtidal jusqu’à 4 m de profondeur. L’assemblage consiste en une flore de diatomées et différentes cyanobactéries. Il faut ajouter que l’on trouve souvent des macroalgues (Acetabularia) fixées sur ces formes.

La croissance des stromatolites est très lente :  0,3 mm /an, l’érosion compensant à peu près la formation. La lithification commence 1-2 cm sous le niveau de vie et la construction est orientée selon les vagues (élongation) et contre le vent (sud).

Mais il reste beaucoup à étudier et il n’y a pas d’autre région pour le faire.

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Hamelin Pool 

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Hamelin pool  – Vue d’ensemble sur les stromatolites

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Hamelin pool 

Stromatolites lacustres de lacs salés ou d’eau douce

Il existe aussi en Australie des stromatolites lacustres de lacs salés ou d’eau douce :

Lake Clifton : eau saumâtre – Lake Richmond : eau douce – Rottnest Island : lacs salés – Lake Thetis : lac salé 1,5 fois la salinité de la mer.

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Tethys Lake  – stromatolites

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Tethys Lake   – stromatolites

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Clifton Lake

Les plus anciens stromatolites  fossiles ont été trouvés au sud de Marble Bar dans le craton de Pilbara dans le groupe de Warrawoona vieux de 3,5 Ga.

Les stromatolites et la longueur du jour ? Comme les coraux, les stromatolites peuvent être utilisés pour mesurer le nombre de jours dans l’année mais dans des temps plus anciens. Il y a 850 Ma, il y avait 435 jours dans l’année de 20,1 heures ce qui correspond aux autres données indiquant un ralentissement de la rotation de la Terre dû aux frottements des marées.

 

Article de Claire König – membre de l’AVG

Photos de Christian König

Les pans de Travassac , en Corrèze

 

Une ardoisière spectaculaire

Article de Pierre Gibaud   

 

Sur la commune de Donzenac en Corrèze, à 12 km au nord de Brive-la-Gaillarde se trouve une ardoisière spectaculaire. La situation géologique et l’exploitation par les hommes ont donné un site exceptionnel. Que vous soyez géologue ou simple touriste, le site vaut le voyage.

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Le site étant privé, il faut donc se joindre à une visite commentée pour se mesurer à ces pans vertigineux. En attendant l’horaire, on peut se détendre et se rafraîchir à l’ombre et consulter des panneaux descriptifs qui seront encore plus faciles à comprendre lorsque la visite sera terminée.

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Ce jour-là, une jeune fille nous a pilotés avec gentillesse et grande compétence.

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Les « pans » sont des murailles de quartzite qui séparent les couches d’ardoise retirées par l’exploitation déjà ancienne.

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Pendant l’exploitation, des « perces » ont été creusées dans les pans de roche dure pour faciliter la communication entre les différentes zones d’exploitation de l’ardoise.

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L’ardoise et le quartzite sont des roches métamorphiques, c’est à dire qu’elles résultent de la transformation d’autres roches,  sous l’action de variations de  température et de pression. L’argile a donné l’ardoise, tandis que le sable s’est transformé en quartzite.

Sur le site, on observe 7 pans de quartzite de même épaisseur séparant 6 zones d’ardoise. Ces dernières sont de même épaisseur un peu supérieure à celle de la quartzite.

Cette particularité est expliquée par une formation initiale unique : dans une cuvette peu profonde, une couche de sable s’est répandue uniformément. Le détail suivant montre que la quartzite fut d’abord un sable alluvionnaire.

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Ensuite une couche d’argile plus épaisse est venue recouvrir la couche de sable. Le tout s’est enfoncé dans le sol pendant une durée géologique.

Plus tard, les forces colossales qui ont soulevé les Pyrénées ont plissé l’ensemble (ardoise + quartzite) de façon que les plis soient devenus verticaux.

L’érosion a ensuite raboté la partie supérieure des plis

L’homme enfin a exploité l’ardoise, en laissant sur place les pans de quartzite très dure.

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Les carrières d’ardoise inexploitées sont maintenant envahies par l’eau.

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L’un des puits a une profondeur d’eau de 52 m et sert de base d’entraînement aux clubs de plongée.

La photo suivante  montre deux coupes d’un même puits d’extraction. 

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On se dirige maintenant vers une zone d’exploitation. Le site accueille de nombreux touristes qui peuvent déambuler sur un itinéraire bien sécurisé.

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Le fendeur d’ardoise  travaille « sur le tas » mais à l’abri du soleil ou du vent.

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Puis l’ardoise est découpée à la forme exigée et percée pour être retenue par un crochet (cuivre ou inox).

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Chaque ardoise est « sonnée » en la faisant tinter sous le choc d’un petit marteau. Ce test élimine les ardoises poreuses ou ne présentant pas la bonne épaisseur. Au final on ne vend que 6% d’ardoise à partir de la roche extraite !
Heureusement qu’il existe un autre débouché,  le dallage pour lequel on est  moins exigeant.

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Cette ardoise de très haute qualité est garantie 5 siècles. Vu son prix, elle est réservée aux monuments de haute valeur patrimoniale comme le Mont St Michel recouvert récemment.

Près de la sortie, au pied d’un pan de hauteur impressionnante, on arrive à un petit musée dont les vitrines contiennent des outils ou des documents caractéristiques des ardoisières.

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Encore un regard sur ce site exceptionnel !

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Rappelez-vous de Travassac quand vous serez dans la région. Ce site unique vaut le détour !

Texte, schéma et photos de Pierre GIBAUD