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L’image de la semaine n°14 : Les pinacles d’Australie

 

Etranges monolithes calcaires        

 

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A 200 km au nord de Perth , le désert des Pinnacles, au sein du Nambung National Park, abrite, dans un vaste plateau dunaire ,des monolithes calcaires sculptés par l’érosion : les pinacles.

Ces piliers, dont les plus hauts peuvent atteindre 4 mètres, sont constitués par une roche très particulière : l’éolianite.

L’éolianite est une roche sédimentaire calcaire formée par cimentation (du fait de la précipitation de calcite) d’anciennes accumulations dunaires constituées de fins débris de coquilles, de tests de Foraminifères et d’oolithes calcaires.

Etapes de la formation des pinacles.

1- Stabilisation de la dune par une végétation de type méditerranéen. La cimentation du sédiment dunaire meuble par la calcite est liée à l’action des végétaux. Les racines libèrent des acides organiques qui favorisent la dissolution des débris carbonatés sous l’effet de l’eau d’infiltration. Les chemins créés par les racines facilitent la pénétration des fluides dans le sédiment. 

2- La dissolution du calcaire en surface entraîne la formation d’une couche  supérieure constituée de sable quartzeux insoluble . Les carbonates dissous s’infiltrent dans des zones plus profondes.

3- Sous cette couche de sable quartzeux, se forme un banc de calcaire fracturé par les racines.

4- Quand les racines disparaissent, les canaux de pénétration sont d’autant plus importants.

5- Lorsque le sol s’érode, les grains de sable remplissent les trous et le calcaire continue de se dissoudre en n’épargnant que les zones dures. Des quantités importantes de calcaire sont dissoutes pendant des périodes plus humides mais toujours chaudes.

6- Ce phénomène de formation de colonnes est entièrement souterrain. Ce n’est qu’après érosion du sable interstitiel par déflation que les pinacles apparaissent.

7- Sur les pinacles assez larges,  on voit très bien les couches de sables calcaires des plages initiales, dépôts éoliens caractérisés par des pentes jusqu’à 30 degrés.

8- En plus, on trouve des horizons de sols fossiles, des lits de coquilles, des racines fossiles et des mâchoires de wombats et de wallabis géants éteints et même des pupes d’insectes fossiles (genre cafards) et de nombreux rhizolites. Les fossiles de coquilles permettent d’affirmer que par 3 fois au moins la mer a transgressé ces formations.

Ces formations sont d’âge Pléistocène et Holocène (depuis 500 000 ans environ) mais ce genre de phénomène se produit encore le long des côtes Ouest-Australiennes.

Il semble que pendant les périodes interglaciaires, la mer dépose les coquilles formant le matériel de base et que pendant les périodes glaciaires, le vent les casse, les transporte et que des périodes plus humides et plus chaudes en permettent la fixation ; l’ensemble du phénomène prenant plusieurs milliers d’années.

Ces pinacles ont peut-être déjà été exposés à l’air il y a 6000 ans et recouverts ensuite à nouveau par du sable. En effet, on a trouvé des artefacts aborigènes. Ceci  a conduit à étudier le déplacement des sables et on constate qu’aujourd’hui les vents dominants du Sud recouvrent la partie Sud des pinacles et dégagent la partie Nord de cet endroit mettant au jour de nouveaux champs de fragiles rhizolites (racines pétrifiées).

 Claire KÖNIG

 

Reportage photographique à Tenerife

 

Couleurs du Teide, le volcan de Tenerife        

 Pierre Gibaud

L’archipel des Canaries, province espagnole au large du Maroc est formé de 7 îles principales. Chacune est un volcan de point chaud dont l’activité s’étale de 10 Ma à nos jours.

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 Le Teide est le pic principal du massif volcanique de Tenerife, la plus grande île.

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C’est le troisième volcan du monde après ceux de Hawaï,si on décompte leur hauteur à partir du plancher océanique. Il culmine à 3718 m au-dessus de la mer.

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Tenerife est agé de 3,5 Ma, tandis que le pic central n’a que 0,2 Ma et les dernières coulées datent de 1909. Christophe Colomb l’a vu en activité et a préféré faire escale à l’île de La Gomera.

                              Voici une excursion illustrée par mes photos                      prises au cours de plusieurs voyages.

En montant par la route nord, en zone forestière, voici une « rose de basalte » (4 m x 5m) à l’extrémité d’une de coulée. Cette solidification en orgues radiales est assez rare. 

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 Parmi les pins canariens (à 3 aiguilles), voici la silhouette du Teide.

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La route creusée dans les couches de cendres (gravillons agglomérés) permet de voir les empilements diversement colorés selon la composition de la lave à diverses époques ! 

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Un panneau  explique l’origine des différentes couches : claires ou sombres. 

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L’analyse des isotopes du soufre permet de savoir à quelle altitude les cendres ont été éjectées.Plus elles montent haut et plus le bombardement par les neutrons solaires fabrique de l’isotope 33S. La mesure du rapport 33S / 32S permet de connaître la violence de l’explosion.

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Une plate-forme naturelle porte des antennes et plusieurs observatoires internationaux.   

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Nous voici arrivés dans la caldeira dont l’altitude varie de 2000 à 2200 m.Sa largeur d’Est en Ouest est de 15 km et par endroits la paroi atteint 500 m de hauteur !Dans ce vaste espace, on trouve des coulées de tous âges.

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Quelques roches colorées.

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Vue du Teide face Est. 

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Les coulées récentes sont noires et souvent riches en obsidienne.

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L’obsidienne est un verre naturel sombre aussi brillant et coupant que le verre des hommes.

Avec le temps, au bout de plusieurs siècles ou millénaires,les composés ferreux s’oxydent et les coulées prennent alors une couleur rouille. 

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Sur les flancs du pic on observe des coulées très visqueuses pleines de rides. 

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Dans ce mode minéral, la vie est bien présente et le parc national du Teide est une réserve naturelle très protégée : « El Parque Nacional de las Cañadas ».

Après les lichens, et quelques plantes naines, les premiers végétaux de grande taille à coloniser les coulées, sont une variété de « genêts » dont les racines fracturent les blocs.

Le tajinaste ou vipérine rouge est propre à Tenerife. Bisannuelle, ses fleurs sont roses et donnent de petites graines ressemblant aux graviers volcaniques appelés « picón ». 

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Les fleurs attirent les insectes dont se régale le lézard « Gallotia ». 

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          Dans la caldeira, des volcans annexes ont été détruits par l’érosion. Il ne reste que le bouchon solidifié dans la cheminée. 

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En 1995, le téléphérique fonctionnait encore et nous a permis de monter sur le pic du Teide. La tache blanche vue d’en bas est une coulée de lave carbonatitique.

Les laves carbonatitiques dérivent d’un magma exceptionnellement enrichi en CO2 et Ca selon des modalités encore mal connues. Elles jaillissent noires, plus ou moins rougeoyantes et blanchissent très vite une fois refroidies, les minéraux s’altérant avec l’humidité. 

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Au sommet, nous sommes à côté de cette même tache blanche. 

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Vue d’en haut à 3600 m, on domine la  caldeira qui fut remplie par de la lave.Nous sommes à 80 m sous le sommet dont on voit le sentier d’accès au premier plan. Il n’est autorisé qu’à un petit nombre de scientifiques afin de protéger le site des hordes de touristes.

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Au pied du téléphérique, un muret montre la diversité des roches colorées. 

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 Au soleil couchant, les couleurs sont particulièrement agréables. 

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Nous sortons de la caldeira.

Voici le télescope solaire Thémis que je vous ferai visiter en détail dans un prochain article. 

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      Vue sur la plaine côtière de Candelaria sur la côte Est.

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      Et un dernier regard sur le pic. 

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Si vous allez  en vacances à Tenerife, il faut monter au Teide rien que pour le plaisir des yeux. Evitez les minibus pleins de touristes car vous aurez tous les mêmes photos faites aux « arrêts japonais » ! Louez une voiture pour la journée. Les routes sont assez larges et sans danger particulier. On peut accéder à la caldeira par au moins 5 routes différentes.

Enfin une information climatique importante. Le Teide et la ligne des crêtes SO / NE sépare Tenerife en deux zones climatiques :

– Le Sud-Est est semi désertique type Marakech et regroupe l’essentiel des touristes.

– Le Nord-Ouest est océanique doux type Biarritz l’été : vigne, bananiers, nuages l’après midi !

Bon voyage !

Pierre GIBAUD