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Sortie de l’AVG dans le Pays d’Olonne -Thème 2 : Les Bourbes de l’Allerie

 

La sortie de l’AVG du 3 juin 2012  dans le Pays d’Olonne, organisée par Jean-Luc et Monique Narcy avec la collaboration de Hendrik Vreken, Camille Joly, Christian Raffin et Jean Chauvet, comprenait 3 thèmes :

Thème 1 : Métamorphisme et Tectonique sur les sites de Sauveterre et de l’Anse de Chaillé.

Thème 2 : Paléo-palynologie et botanique sur le site du marais des Bourbes.

Thème 3 : Les marais salants de l’île d’Olonne.

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Thème 2 : Le Marais des Bourbes de l’Allerie (site 4) 

 

Le site

 

Il s’agit d’un marécage doux d’arrière dune, se développant dans une dépression d’environ 20 ha. Il prend place sur un socle calcaire du Jurassique au niveau d’une zone d’effondrement ou de broyage hypothétique. Il est alimenté par une arrivée régulière d’eau douce dont on ne connait pas l’origine : source ? Résurgence ? Accumulation des eaux de pluie arrêtées par la dune ?

Coupe marais des Bourbes

 

Coupe géologique théorique au niveau du marais des Bourbes

 

 

 

La végétation

 

L’intérêt botanique de ce marais repose sur une confrontation entre le milieu dunaire maritime qui l’entoure et le milieu aquatique d’eau douce qui le compose, avec parfois des mélanges entre une végétation typiquement dulcicole et des espèces maritimes.

Sa végétation peut être résumée en trois grands types de groupement écologique :

  • Cariçaie sous aulnaie-saulaie, aulnaie dominante (partie Sud et Ouest) ;

  • Typhaie ouverte bordée d’aulnes (Alnus glutinosa) et de saules (Salix atrocinerea) (partie centrale) ;

  • Symétrie des groupements avec de l’intérieur vers l’extérieur : cariçaie, cladiaie (Cladium mariscus, la marisque (roseau), rare en Vendée), phragmitaie et enfin l’aulnaie-saulaie (partie Nord et Est).

 

Il présente également un important peuplement de la fougère des marais Thelypteris palustris, et correspond à l’une des dernières stations de cette plante en Vendée.

 végétation marais des Bourbes

Symétrie des groupements écologiques dans le marais des Bourbes dans sa partie Nord.

 

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Evolution

 

Contexte archéologique et historique

 

L’évolution de la végétation du Marais des Bourbes a été reconstituée  grâce à la paléopalynologie. 

« La paléopalynologie ou l’étude des micro-restes végétaux fossiles, à savoir les grains de pollen et les spores conservés dans les couches du sous-sol, permet d’appréhender la chronologie d’évolution de la végétation et l’histoire du paysage en relation avec les facteurs climatiques, écologiques et anthropiques  » – Camille Jolly.

Il a été possible d’observer une alternance d’influences marines et dulçaquicoles mettant en évidence une succession de phases transgressives et régressives, démontrant bien le caractère oscillatoire de la transgression flandrienne. Le Marais des Bourbes est alternativement occupé par un marécage doux à massettes et carex environné d’une aulnaie clairsemée, et par des vasières et une zone humide saumâtre. Durant le bas Moyen-Âge, une importante phase d’ensablement correspondrait à la mise en place de l’édifice dunaire tel qu’il existe aujourd’hui. Le marais évolue ensuite en prairie tourbeuse, progressivement envahie par l’aulnaie et la saulaie.

Au cours de l’Âge du Bronze, le système forestier, à l’origine peu conséquent, subit d’importantes phases de défrichement, sans pour autant être accompagnées d’un développement des activités agro-pastorales.

Par contre, à l’Âge du Fer, l’éradication presque complète de la forêt est suivie par une mise en culture des terres autour du marais : céréales, Brassicacées probablement, châtaignier et noyer.

 

L’avancée de la ligne de rivage durant l’Empire romain n’est sûrement pas favorable à l’extension des pratiques agricoles autour des Bourbes, mais des éléments persistants indiquent une culture de céréales, de chanvre, de vigne, de noyer et de châtaignier. Probablement liée au recul de l’influence maritime, le Bas Empire voit une recrudescence des activités agricoles, mais de courte durée. En effet, l’oscillation négative modifie la circulation maritime, et donc commerciale, des marchandises. Ce changement de situation de la région, possiblement conjuguée aux crises de la fin de l’Empire, sont fatales à l’économie locale.

 

Au début du Moyen-Age, le système forestier est touché par de nombreuses phases de défrichements et laisse place à un parcellaire dense de type bocage, sans noter pour autant de développement de l’emprise humaine sur le territoire, qui régresse même légèrement. On note à la fin de la période médiévale une reprise des déboisements qui s’accompagne d’un essor des pratiques agricoles. Il semble néanmoins qu’avec la fondation du port des Sables d’Olonne en 1218, les activités se soient plus concentrées sur le commerce, la pêche et la production de sel que sur les cultures. On peut mettre en exergue celles des céréales, du chanvre (fibre textile : sac de sel et voile), de la vigne et du sarrasin par la suite (fin du Bas Moyen-Âge).

 

Les époques modernes sont d’abord marquées par une pression importante sur l’écosystème forestier, aboutissant à la formation d’un bocage lâche et qui s’accompagne, dans un premier temps, de l’essor du système prairial vraisemblablement lié au pastoralisme puis, dans un deuxième temps, de la progression de la céréaliculture et d’une diversification des espèces cultivées (sarrasin, chanvre, vigne, maraîchage).

 

Quant au Subactuel, cette période correspond à l’observation du développement d’une forêt de pins, plantée au XIXème siècle afin d’assurer la fixation de la dune formée au Moyen-Age, dune qui avançait à l’intérieur des terres. Autour des Bourbes, se pratiquent toujours les cultures de blé noir, de chanvre et de céréales ainsi que le maraîchage. À partir de la fin du XIXème siècle, l’économie régionale se concentrera plus sur les produits de la mer puis sur le tourisme, que sur la production agricole.

 

Le diagramme pollinique synthétique du Marais des Bourbes est présenté ci-dessous.

Un diagramme pollinique est une représentation graphique de l’abondance relative des différents grains de pollen et spores au cours du temps.

 

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Article de Camille Joly d’après sa thèse : « Histoire de la végétation dans l’espace centre-Ouest atlantique »

 

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Sortie de l’AVG dans le Pays d’Olonne – Thème 1 – Site 3 : L’Anse de Chaillé

 

La sortie de l’AVG du 3 juin 2012  dans le Pays d’Olonne, organisée par Jean-Luc et Monique Narcy avec la collaboration de Hendrik Vreken, Camille Joly, Christian Raffin et Jean Chauvet, comprenait 3 thèmes :

Thème 1 : Métamorphisme et Tectonique sur les sites de Sauveterre et de l’Anse de Chaillé.

Thème 2 : Paléo-palynologie et botanique sur le site du marais des Bourbes.

Thème 3 : Les marais salants de l’île d’Olonne.

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     Thème 1 : L’Anse de Chaillé (site 3)         et synthèse des sites 1,2 et 3 

 

En allant vers la Chaume, à l’Anse de Chaillé, on rencontre deux ensembles superposés :

les orthogneiss clairs plissotés des Sables d’Olonne (ou de La Chaume) qui affleurent surtout au Sud de l’Anse,

– surmontés par les paragneiss sombres à biotite dominante sur sa bordure Nord, gneiss qui renferment du grenat, de la sillimanite et du feldspath potassique.

A la limite de ces deux formations , on a plusieurs passages de gneiss « oeillés » coupés par des filons d’aplite ou de pegmatite : les feldspaths de plus ou moins grande taille forment des yeux en amande allongés dans la foliation Est-Ouest à plongement Nord comme on l’a déjà observé pour les grenats, les biotites et les chloritoïdes sur l’estran de Sauveterre.

Le point important à noter ici est que l’orthogneiss des Sables d’Olonne a atteint des conditions de pression et de température suffisantes pour commencer à fondre ( fusion partielle) et donner des migmatites.

Rappels sur l’orthogneiss des Sables d’Olonne :

– Le protholithe de cet orthogneiss est un granite qui a été daté de 615 Ma donc briovérien.

– L’orthogneissification de ce protolithe granitique des Sables d’Olonne ainsi que son anatexie ont eu lieu à 388 ± 3,2 Ma donc au Dévonien moyen.

 

L’effet de la fusion partielle se fait sentir par quatre principaux phénomènes :

– d’abord, la foliation de l’orthogneiss se plisse et s’estompe, la plasticité de la roche augmente ;

– puis lorsque la fusion partielle débute, elle affecte surtout les lits quartzo-feldspathiques de l’orthogneiss : ainsi se forme le leucosome d’épaisseur centimétrique, les parties gneissiques toujours foliées (feuillets de l’ordre du mm) constituant le paléosome. Dans ces métatexites litées ou stromatiques, le leucosome concordant par rapport à la foliation présente toujours une taille de grain plus grande que celle du paléosome ; il est bordé de plus par un mélanosome souvent riche en biotite, minéral plus réfractaire à la fusion.

 – la fusion se poursuivant, le liquide granitique s’extrait de son protolithe, migre alors vers le haut en empruntant les fractures, les zones de faiblesse de la roche. L’accumulation du liquide magmatique dans les zones de cisaillement illustre de façon spectaculaire le rôle de ces déformations. Dans ces zones de cisaillement, le liquide collecté cristallise lentement sur place, donnant de nombreux amas de roche granitique à gros cristaux (pegmatites). Le leucosome envahit ainsi progressivement  l’orthogneiss.

– lorsqu’enfin, le taux de fusion devient important, c’est même un véritable magma granitique qui « monte » et cristallise. C’est ce qu’on peut voir au Sud immédiat de l’Anse de Chaillé : un véritable granite d’anatexie identique à celui que l’on peut observer 3-4 km plus au Sud au Puits d’Enfer. Le magma peut ensuite alimenter tout un réseau de filons de roches granitiques (aplite et pegmatite) qui lacèrent les terrains sus-jacents : ici, les formations gneissiques situées au Nord de l’Anse de Chaillé.

Sud de l’Anse de Chaillé

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  L’orthogneiss des Sables d’Olonne

Les 3 photos précédentes montrent l’apparition de zones de cisaillement dans l’orthogneiss rose des Sables d’Olonne. Au niveau de ces zones, la foliation se désorganise, les charnières ne sont plus visibles et la fusion débute comme l’atteste la formation de leucosomes à leur niveau.

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 Illustration du comportement devenu plastique de l’orthogneiss

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 Filon de leucosome sécant par rapport à la foliation de l’orthogneiss

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« Envahissement » de l’orthogneiss par le granite d’anatexie

Nord de l’Anse de Chaillé

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Les nombreux filons d’aplite et de pegmatite dans les gneiss oeillés roses ou gris peuvent être l’occasion de datations relatives !

 

Synthèse finale sur les 3 sites explorés :  

1. Falaise de Sauveterre – 2. Estran de Sauveterre – 3. Anse de Chaillé

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Au Cambrien et au tout début de l’Ordovicien, les sédiments fins de la formation de Sauveterre se déposent dans un bassin subsident (en domaine de plate-forme sur croûte continentale) situé en bordure Nord du Gondwana. Ils proviennent de l’érosion de reliefs plus anciens, d’âge Cadomien et très certainement, du domaine de l’anticlinal des Sables d’Olonne – Île d’Yeu qui devait être alors émergé (rappel : magmatisme à l’origine du protolithe des orthogneiss des Sables d’Olonne daté de 615 Ma) .

Dès le Cambrien moyen, cette marge Nord du Gondwana est soumise à des forces de divergence comme l’attestent les nombreux filons de tuffites rhyolitiques et de pyroxénites basiques interstratifiés dans la formation de Sauveterre. Un tel volcanisme bimodal est en effet caractéristique d’une distension crustale : la  croûte continentale étant étirée donc amincie, cela entraîne une remontée des isothermes qui induit une fusion partielle de la base de la croûte continentale , voire du manteau lithosphérique .

Cette distension crustale va se poursuivre jusqu’à l’Ordovicien moyen. A la limite Ordovicien moyen – Ordovicien supérieur, la croûte continentale finit par se déchirer. Un océan apparaît : l’Océan Médio-européen ou Centralien et une micro-plaque se détache du Gondwana : la micro-plaque Armorica.

Cet océan s’élargit ensuite à la fin de l’Ordovicien et au Silurien inférieur. 

Remarques :

Aujourd’hui , l’océan Centralien a complètement disparu mais les éclogites des Essarts en sont des reliques. Cela implique que tout ce qui est au Nord-Est du complexe des Essarts (Synclinorium de Chantonnay, Haut-Bocage vendéen ) appartient à la plaque Armorica et que tout ce qui se trouve au Sud-Est du même complexe (soit le Bas-Bocage et la Vendée littorale) appartient au Gondwana. 

Alors comment la formation de Sauveterre a-t-elle été métamorphisée et comment l’océan Centralien a-t-il disparu ?

Tout est lié ! On admet que la disparition de l’océan Centralien a débuté à la limite Silurien – Dévonien par subduction. Mais cette subduction de la croûte océanique a entraîné aussi celle de la marge Sud de l’océan Centralien , c’est-à-dire  le Bas-Bocage et la Vendée littorale .

Bas-Bocage et Vendée littorale ont été alors métamorphisés au Givétien (Dévonien moyen) vers 388 Ma : métamorphisme de MT-MP de type barrowien et anatexie avant d’être exhumés en nappes au cours de la collision à la limite Dévonien – Dinantien et  de subir un rétrométamorphisme dans le faciès « schistes verts » .

      Article de Hendrik Vreken