Pause du réchauffement climatique : un hiver volcanique?
Guillaume Jacquemont, journaliste à « Pour la Science ».
Mars 2014
Une série de petites éruptions volcaniques au cours des 15 dernières années expliquerait en partie le ralentissement du réchauffement climatique constaté sur cette période.
Le volcan Eyjafjöll, en Islande, est entré en éruption en 2010. De tels événements projettent dans l’atmosphère des poussières qui réfléchissent la lumière du Soleil vers l’espace et peuvent avoir un effet refroidissant sur le climat.
Le réchauffement climatique est estimé à environ 0,26 °C par décennie sur la période 1984-1998 et à seulement 0,04 °C par décennie sur la période 1998-2012. Pourquoi ce ralentissement ? Une étude menée par Benjamin Santer, du laboratoire Lawrence Livermore, en Californie, et ses collègues, met en lumière le rôle du volcanisme.
Lors des éruptions, les volcans projettent dans l’atmosphère une grande quantité de particules, qui réfléchissent une partie de la lumière du Soleil vers l’espace et peuvent ainsi refroidir le climat. Aucune éruption volcanique majeure n’a eu lieu depuis celle du Pinatubo en 1991, mais quelque 17 éruptions relativement petites se sont produites depuis 1999. Leur effet cumulé pourrait-il être significatif ?
Les chercheurs ont intégré dans les modèles climatiques des estimations des quantités de poussières volcaniques envoyées dans l’atmosphère par ces éruptions, estimations déduites d’observations satellitaires. Ils ont ensuite comparé les simulations pour la période 1998-2012 à des mesures de températures effectuées par satellites. Sans les éruptions, les modèles surestiment systématiquement le réchauffement sur cette période. Avec celles-ci, les températures sont bien plus proches de la réalité – l’erreur est jusqu’à 15 pour cent inférieure.
Les éruptions auraient donc eu un effet refroidissant qui aurait participé au ralentissement du réchauffement. Ce ralentissement serait aussi dû à une conjonction de divers autres facteurs, tels qu’une période de moindre activité solaire ou des variations dans les courants océaniques.
Pour en savoir plus :
B. Santer et al., Volcanic contribution to decadal changes in tropospheric température, Nature Géoscience