Une ardoisière spectaculaire
Article de Pierre Gibaud
Sur la commune de Donzenac en Corrèze, à 12 km au nord de Brive-la-Gaillarde se trouve une ardoisière spectaculaire. La situation géologique et l’exploitation par les hommes ont donné un site exceptionnel. Que vous soyez géologue ou simple touriste, le site vaut le voyage.
Le site étant privé, il faut donc se joindre à une visite commentée pour se mesurer à ces pans vertigineux. En attendant l’horaire, on peut se détendre et se rafraîchir à l’ombre et consulter des panneaux descriptifs qui seront encore plus faciles à comprendre lorsque la visite sera terminée.
Ce jour-là, une jeune fille nous a pilotés avec gentillesse et grande compétence.
Les « pans » sont des murailles de quartzite qui séparent les couches d’ardoise retirées par l’exploitation déjà ancienne.
Pendant l’exploitation, des « perces » ont été creusées dans les pans de roche dure pour faciliter la communication entre les différentes zones d’exploitation de l’ardoise.
L’ardoise et le quartzite sont des roches métamorphiques, c’est à dire qu’elles résultent de la transformation d’autres roches, sous l’action de variations de température et de pression. L’argile a donné l’ardoise, tandis que le sable s’est transformé en quartzite.
Sur le site, on observe 7 pans de quartzite de même épaisseur séparant 6 zones d’ardoise. Ces dernières sont de même épaisseur un peu supérieure à celle de la quartzite.
Cette particularité est expliquée par une formation initiale unique : dans une cuvette peu profonde, une couche de sable s’est répandue uniformément. Le détail suivant montre que la quartzite fut d’abord un sable alluvionnaire.
Ensuite une couche d’argile plus épaisse est venue recouvrir la couche de sable. Le tout s’est enfoncé dans le sol pendant une durée géologique.
Plus tard, les forces colossales qui ont soulevé les Pyrénées ont plissé l’ensemble (ardoise + quartzite) de façon que les plis soient devenus verticaux.
L’érosion a ensuite raboté la partie supérieure des plis
L’homme enfin a exploité l’ardoise, en laissant sur place les pans de quartzite très dure.
Les carrières d’ardoise inexploitées sont maintenant envahies par l’eau.
L’un des puits a une profondeur d’eau de 52 m et sert de base d’entraînement aux clubs de plongée.
La photo suivante montre deux coupes d’un même puits d’extraction.
On se dirige maintenant vers une zone d’exploitation. Le site accueille de nombreux touristes qui peuvent déambuler sur un itinéraire bien sécurisé.
Le fendeur d’ardoise travaille « sur le tas » mais à l’abri du soleil ou du vent.
Puis l’ardoise est découpée à la forme exigée et percée pour être retenue par un crochet (cuivre ou inox).
Chaque ardoise est « sonnée » en la faisant tinter sous le choc d’un petit marteau. Ce test élimine les ardoises poreuses ou ne présentant pas la bonne épaisseur. Au final on ne vend que 6% d’ardoise à partir de la roche extraite !
Heureusement qu’il existe un autre débouché, le dallage pour lequel on est moins exigeant.
Cette ardoise de très haute qualité est garantie 5 siècles. Vu son prix, elle est réservée aux monuments de haute valeur patrimoniale comme le Mont St Michel recouvert récemment.
Près de la sortie, au pied d’un pan de hauteur impressionnante, on arrive à un petit musée dont les vitrines contiennent des outils ou des documents caractéristiques des ardoisières.
Encore un regard sur ce site exceptionnel !
Rappelez-vous de Travassac quand vous serez dans la région. Ce site unique vaut le détour !
Texte, schéma et photos de Pierre GIBAUD