La mer Morte vivra-t-elle ?
Pour la Science n°423 – Janvier 2013
L’irrigation et l’extraction de minerais conduisent à l’assèchement de la mer Morte. Mais en s’associant, Israël, la Jordanie et l’Autorité palestinienne peuvent encore sauver cet exceptionnel lac salé.
La mer Morte est un lieu mystérieux. Point émergé le plus bas du globe aujourd’hui à 426 mètres au-dessous de celui de la mer, censé abriter les sites bibliques de Sodome et Gomorrhe, ses eaux et minéraux sont réputés pour leurs bienfaits. Et en dépit de son nom, ce lac salé constitue une source de vie microbienne remarquable. Mais on sait que son avenir est gravement menacé. Après des siècles de stabilité due à un subtil équilibre entre l’approvisionnement en eau douce du Jourdain et une forte évaporation sous l’implacable soleil du Proche-Orient, la mer Morte est en train de disparaître.
Les Jordaniens à l’Est, les Israéliens à l’Ouest, les Syriens et les Libanais au Nord, tous détournent massivement l’eau du fleuve avant même qu’elle n’ait atteint le lac salé. En pratiquant par évaporation l’extraction des précieux minéraux que recèle le lac, Israël et la Jordanie précipitent sa fin. Des milliers de cavités – les dolines – se forment sur les rivages, là où la mer s’est retirée, condamnant le tourisme et le développement économique sur son pourtour. Car qui peut prédire où le sol se dérobera ? Qui peut prendre le risque que soient engloutis des immeubles, des routes, des personnes ?